L’initiative sur l’abrogation du service militaire obligatoire était refusée aux urnes. Le plus urgent est la discussion sur la tactique antimilitariste.
Le GSSA a décidé de lancer à nouveau une initiative concernant l’armée. Cette dernière ne remet pas ouvertement en cause l’existence de l’armée comme tel mais affaiblit uniquement son caractère de milice. Même si un Non de gauche se trouvait dans une situation difficile, nous du courant marxiste l’étincelle/der Funke avons expliqué notre opposition dès le début. Les conséquences de cette initiative seraient grave pour le mouvement ouvrier suisse. Malgré le rejet très probable par le peuple, nous pensons qu‘il est important de réfléchir sur quelques aspects du service militaire obligatoire et sur la question de l’armée en général.
Un premier pas vers l’abolition de l’armée ?
Soyons claire dès le début : nous défendrons jamais une armée bourgeoise. Elle est un outil dans les mains des dominants et ne sert qu‘à former des hommes dans le but de défendre les intérêts de la classe bourgeoise. Vu sous cet angle, nous ne sommes pas opposés au GSSA et autres forces progressistes qui visent à abolir cet appareil de répression. Contre qui l’armée vise s’est montré à plusieurs reprises dans l’histoire et est toujours autant claire. C’est alors l’année passé que l’armée suisse s’est préparée dans le cadre du manœuvre Stabilo Due pour les cas d’urgences : des civilistes enragés bloquent des routes et occupent des immeubles
Face aux objections issues par la gauche sur l’abolition du service militaire obligatoire, les auteurs de l’initiative ont toujours insisté que celle-ci ne serait que le premier pas de leur objectif d‘abolir l‘armée. Mais dès que les représentants du GSSA se sont confrontés au bloc bourgeois, ils ont expliqué que l‘initiative n’avait pas pour but l’abolition de l’armée. Mis à part cette opportunisme double, nous aimerions nous poser la question sur les conséquences de l’abolition du service militaire obligatoire. Le texte d’initiative ne nous explique rien de plus précis, en ce qui concerne le modèle qui suivera. On laissera l’embarras du choix au cycliste de velo militaire Ueli Maurer et à son DDPS. Il n’y a pas de garanties que ce n’est pas une armée professionnelle qui suivrait. Mais continuons un instant avec la supposition que l’initiative donnera lieu à une milice de volontaires.
La milice de volontaires et ces conséquences
Même si actuellement la composition de l‘armée ne correspond pas du tout à la composition social de la population (il suffit de remarquer l‘absence des femmes), elle permet néanmoins d‘unir jusqu‘à un certain degré la population des ville et des campagnes. Dans une armée de volontaires, tout ceci changerait drastiquement. De nos jours, les jeunes hommes suisses ont l‘obligation de choisir entre l’armée, le service civil ou le payement de la taxe d’exemption du service. Après l’acceptation de l’initiative ils ne décideraient plus quel service ils préféraient, mais s’ils veulent faire un service tout court. La participation au service militaire et au service civile diminuerait drastiquement. Dans les villes la population qui choisirait d’accomplir un service serait majoritairement des jeunes hommes sans emploi et/ou sans perspective d‘avenir. Dans les campagnes, la population qui effectuerait un service serait majoritairement de paysans patriotiques et de petits bourgeois. Ainsi pour palier ce manque d‘effectifs tant sur la qualité que sur la quantité, l‘armée serait contrainte d‘augmenter la durée du service et d‘offrir des incitations financières.
Une armée professionnelle
Le GSSA dit clairement qu’une armée de volontaires ne susciterait jamais suffisamment d’intérêt et de ce faite prétend poser la première pierre en vue d’une abolition de l‘armée. De plus, le fait que même l’augmentation de la solde et de la durée de service ne suffiraient jamais à combler le manque de soldats. C‘est pour cela qu‘ils se trompent lourdement s’ils pensent que ceci donnera lieux automatiquement et par soi même à l’abolition de l’armée. Au contraire, elle se convertirait dans une armée de professionnels et non pas de volontaires. Du service militaire volontaire on passera à une armée professionnelle. Sur ce coup la, le GSSA se tire clairement une balle dans le pied. L’abrogation du service militaire obligatoire renforcera l’armée comme une institution spéciale isolée du reste de la population. C’est aussi vers une professionnalisation de l’armée que vise le projet politique de la droite. Les informations qui sont sortie sur le projet « développement de l’armée » qui n’est pas encore publié, mais sera discuté au parlement en 2014, l’indique en tous cas.
Déjà avec la dernière initiative contre les nouveaux avions de chasses, le GSSA a commis une erreur grave en retirant son initiative. Après trois années, voilà que le parlement se décide a acheter des Grippen. Le problème du GSSA ne réside pas uniquement dans des mauvais choix tactiques. Au contraire, c’est plutôt le résultat d’une division entre un programme minimum et maximum. Avec l’intention de faire des petits pas en direction de l’abolition, ils renforcent le militarisme. Nous osons la thèse qu‘une initiative pour l’abolition de l’armée ferait aujourd’hui un score similaire voir meilleure lors d‘une votation que l’initiative en question.
L’antimilitarisme et le travail pour l’abolition de l’armée sont bien plus qu’une simple stratégie de marketing.
Milice et intervention à l’intérieur en rétrospective historique
Dans la version longue de leur argumentaire le GSSA parle de l’intervention militaire pendant la grève générale de 1918. Ceci pour contrer des arguments de gauche, qui dirait « que le service militaire obligatoire garantit une structure démocratique au sein de l’armée et avec cela forme une mécanisme de contrôle ». En simplifiant une position de gauche il arrive facilement à réfuter cette dernière.
Ce qu’il manque de voire est que ce ne sont pas les habitudes et coutumes démocratiques des soldats qui les empêcheraient de tirer sur leurs propres concitoyens. Mais c’est avant tout la position sociale commune que les soldats partagent avec la population qui les empêche, dans des moments de forte lutte de classe, de tirer sur leurs concitoyens. Avant l’entrée à l’armée tous les soldats se trouvent dans la même position que les travaielleurs et ils le seraient de nouveau après la fin de leur obligation de service.
Ce fut le cas de l’armée utilisé en 1918. La milice était profondément divisée et le divisionnaire Emil Sonderegger qui coordonnait l’intervention n’aurait jamais pu envisager de mobiliser des jeunes travailleurs issus des villes. Les divisions sur lesquelles l’état bourgeois a pu s‘appuyer se trouvent dans l‘opposition ville/campagne. En effet, les soldats recrutés sont issus des régions rurale de la Suisse. Ces derniers étaient fortement liés à l’état à travers des subventions qui leurs étaient accordées. Ils ont réussi à fait croire aux jeunes paysans qu’ils avaient des intérêts qui différaient des travailleurs. A noter que même ces paysans n‘étaient pas prêt à obéir de façon aveugle à leur état-major, car ils se sont partiellement solidarisés avec les travailleurs, ce qui à pu éviter un massacre encore plus important.
L’exemple de l’Égypte
Il existent aussi des exemples plus actuels où une armée de milice a eu un effet non négligeable sur l‘issu d‘un conflit de classe. Quand en 2011 les masses ont manifesté sur la place Tahrir, le gouvernement n‘avait pas la possibilité de réprimer la révolte dans le sang. Les conscrits se sont solidarisés systématiquement avec les manifestants afin de s‘opposer au régime. Le seule pilier du gouvernement était la police et des mercenaires. Grâce à l’obligation de servir la composition sociale de l’armée correspondait grossièrement à celle de la société en générale. Ceci a joué un rôle essentiel. Le mouvement révolutionnaire arrivait à « neutraliser » temporairement l’armée comme outil répressif de la classe dirigeante. Seulement grâce à cela le chemin s’est ouvert à la chute de Mubarak et plus tard aussi de son successeur Morsi.
Avec une armée de professionnels plus fortement séparé du peuple, le nombre de morts aurait été encore plus élevé. Peu importe qui est mis comme relève de Morsi, face à un nouveau mouvement de masse sa position ne pourra pas être efficacement protégée par la force militaire. Dans l’exemple de l’Egypte nous pouvons cependant aussi clairement voire qu‘une milice sans contrôle démocratique par les soldats et la population peut facilement être soumis à la discipline militaire et peut à nouveau servir comme un instrument de répression.
Comment continuer ?
Les représentants militaires et la droite répètent à maintes reprises que l’armée de milice actuelle est le meilleur contrôle démocratique possible. Ceci est naturellement purement mensonger et nous n‘avons pas d’illusions concernant la milice bourgeoise. Les officiers bourgeois vont toujours pouvoir faire régner la discipline dans une cette milice grâce aux mécanismes du militarisme. Une position de gauche face à l’armée ne peut qu’être une position hostile, parce que l‘armée reste et restera un outil de coercition afin de défendre la classe dominante au pouvoir. Nous devons toujours lutter contre les millions et milliards de francs gaspillés dans l’armement. Cet argent provient aujourd’hui essentiellement de coupe budgétaire dans le secteur de la formation et du social, comme cela est le cas avec l’achat des Grippen. Mais notre position hostile à l’armée en tant qu‘institution ne doit pas avoir comme conséquence que nous nous éloignons de celle-ci et que nous la délaissons à la bourgeoisie. C’est notre devoir de mettre l’armée sous le contrôle des soldats, de réduire son budget à un minimum et d’éliminer la justice militaire. Basée sur le système de milice, ce n’est que la transition du pouvoir depuis officiers et de l’état, vers les soldats qui peut libérer l’armée des menottes de la classe dominante.
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