Ici tu trouveras une introduction à certaines idées et positions fondamentales de la Tendance Marxiste Internationale (TMI). En général, nous donnons des réponses courtes et concises, avec de nombreuses suggestions pour une lecture plus approfondie ; dans certains cas, nous donnons une explication plus longue. La lecture des classiques du marxisme est cependant le meilleur moyen de comprendre ces idées. Au premier abord, cela peut sembler difficile, mais chaque travailleur et chaque jeune sait qu’il vaut la peine de faire quelque chose et de travailler pour cela ! L’étude patiente et persévérante, la discussion et, en fin de compte, l’application quotidienne de ces idées tout au long de la vie sont la clé.
Beaucoup de gens semblent prêts à accepter que le capitalisme est incapable de résoudre des problèmes comme le chomâge, le sans-abrisme, la famine et la guerre. Beaucoup accepteraient qu’en théorie, si les vastes ressources du monde étaient utilisées rationnellement pour satisfaire les besoins humains et non élargir les profits de quelques milliardaires, on pourrait garantir de bonnes conditions de vie pour tous sur la planète.
Cependant, dans le but de maintenir un système dans lequel huit individus possèdent le contrôle sur autant de richesses que la moitié de la population mondiale, la classe dirigeante nous raconte que la situation actuelle est naturelle, puisqu’être cupide et égoïste fait partie de la “nature humaine”. Toute tentative alors de créer un système plus égalitaire, on nous explique, échouera inévitablement – il ne faudrait même pas y penser!
Si l’on en reste à la surface des choses, cette idée peut paraître convaincante, surtout si l’on prend en compte l’échec du stalinisme au 20ème siècle. Mais qu’est-ce vraiment que la “nature humaine”? Plus on examine l’histoire, plus il devient difficile de parler d’un ensemble de valeurs qui s’appliquerait à tous les humains, tout le temps.
Par exemple, est-ce dans notre “nature” de garder sous notre botte des esclaves? Les classes dirigeantes romaine et grecque de l’antiquité l’auraient affirmé, mais l’on peut évidemment confirmer le contraire.
En vérité, des humains anatomiquement semblables à nous-mêmes existent depuis environ 200’000 ans, avec des traces d’existence d’hominidés remontant à 6-7 millions d’années. L’usage des outils remonte, lui, à 3 millions d’années. Pour la très majeure partie de l’histoire humaine, nous avons vécu dans des tribus communistes primitives, dans lesquelles on ne trouvait ni riches ni pauvres, aucune classe exploitée ou exploitante, pas d’argent, de police ou de prisons. Les outils et les possessions d’une tribu appartenaient à chaque membre de la communauté tribale. Comme l’on produisait si peu en travaillant, il était impossible pour quiconque de vivre en exploitant un surplus de produits engendré par le travail d’autrui. Les gens plaçaient les intérêts de la tribu avant leurs intérêts propres.
Les sociétés de classe, c’est-à-dire les systèmes basés sur l’exploitation d’une majorité de la population par une minorité, ont commencé à exister seulement il y a environ 6-12’000 ans, ce qui correspond au développement de l’agriculture, celle-ci remplaçant la simple horticulture. Le premier clair exemple d’une société de classe est apparu il y a 5’500 ans, avec la civilisation sumérienne et le début de l’Âge de bronze.
C’est au sein de ces sociétés qu’une poignée d’individus – la classe des exploitants – ont été forcés par leur position en tant que dirigeant d’agir de manière égoïste et cupide. S’ils n’avaient pas agi exclusivement dans leur propre intérêt, ils auraient perdu leur position en tant que dirigeant, car des individus encore plus impitoyables les auraient défié, et en dernier lieu, surpassé.
Par conséquent, au sein du capitalisme, c’est la perspective de la classe dirigeante – qui est nécessairement cupide et égoïste – qui est dite applicable à tous les humains partout et pour toutes les époques – c’est-à-dire faisant partie de notre “nature” inhérente.
Cependant cela est évidemment faux, comme le démontrent les millions d’actes de solidarité et de gentillesse que l’on peut voir tous les jours où que l’on se trouve ; des pompiers risquant leur vie pour sauver celles des autres aux personnes du quotidien faisant le sacrifice de leur temps et de leur argent pour aider des inconnus dans le besoin.
Ce qui n’est certainement pas “naturel”, c’est que la quasi-totalité des moyens de production (ressources, industrie et connaissance (propriété intellectuelle)) soit détenue et contrôlée par une petite minorité de la population. En libérant l’industrie des contraintes de la production dirigée vers le profit, nous pourrions aisément produire suffisamment pour que tout le monde puisse disposer de ce dont il a besoin, et plus encore!
Dans une société de surabondance, l’idée d’accumuler plus que ce dont on a réellement besoin deviendrait une absurdité ; tout comme dans un bureau avec une armoire à papeterie bien fournie, il est absurde d’accumuler des stylos et du papier pour soi-même. Comme Marx l’avait expliqué, ce sont les conditions matérielles, qui, en fin de compte, déterminent la conscience, et non l’inverse.
Pour ceux qui acceptent le programme communiste mais pensent que la “nature humaine” nous arrêterait, demandez-vous – est-ce dans votre nature d’impitoyablement exploiter les autres? Si ce n’est pas le cas pour vous, pourquoi serait-ce le cas pour les autres ?
Une phrase célèbre d’Einstein est la suivante : “La folie, c’est de faire la même chose encore et encore et s’attendre à des résultats différents”. Alors, nous demande-t-on, si le socialisme a été tenté et s’est apparemment révélé être un échec, pourquoi les marxistes luttent-ils encore pour le socialisme? Pour répondre à cette question, il importe de comprendre ce qu’il s’est passé avec l’Union Soviétique, et d’autres pays se revendiquant du “socialisme”.
En 1917, la classe ouvrière russe a pris le pouvoir grâce à un mouvement révolutionnaire de masse. L’économie a été arrachée des mains des capitalistes et des propriétaires terriens ce qui a permis de diriger la société à travers le contrôle démocratique des ouvriers et paysans pauvres de comités de travailleurs (les “soviets”). Ces mesures représentaient le début d’une transition du capitalisme vers le socialisme.
Cependant, Lénine, Trotsky et les Bolchéviks n’ont jamais imaginé qu’il serait possible d’”instaurer le socialisme dans un seul pays”, mais au contraire considéraient la révolution russe comme le début d’une révolution mondiale. Comme le capitalisme est un système global, le socialisme doit nécessairement être un système global.
Cette idée a bientôt été confirmée en pratique, lorsque se sont développées des révolutions et situations révolutionnaires à travers l’Europe, notamment en Allemagne, Autriche, Hongrie, Italie, France, Espagne ainsi qu’au Royaume Uni.
L’échec des tentatives de prise de pouvoir de la classe ouvrière dans ces pays n’était pas le témoignage d’un manque de détermination de sa part. Ces échecs étaient dus à l’absence d’un parti révolutionnaire, qui aurait pu diriger toute la force des masses vers la conquête du pouvoir.
Par conséquent, la révolution russe est restée isolée. Au lieu d’avoir pu relier l’abondance russe en matières premières avec l’industrie avancée de l’Europe de l’Ouest, l’économie russe a été laissée détruite après des années de guerre.
En tant que marxistes, nous comprenons que la capacité à créer une société libre des horreurs de la pauvreté, du chômage, de la famine et ainsi de suite, est, en dernière instance, déterminée par le niveau des forces productives (industrie, agriculture, sciences et technologie), ainsi que par leur propriété et leur contrôle.
Marx avait lui-même fait remarquer que “le développement des forces productives est la précondition absolument nécessaire [du socialisme], parce que sans lui le besoin est généralisé, et avec lui la lutte pour l’accès aux nécessités de base recommence, ce qui veut dire que tout l’ancien fumier doit forcément ressusciter”.
La Russie du début des années 1920, après des années de guerre, a souffert d’un effondrement industriel et agricole. Le besoin était effectivement généralisé. C’était dans ce contexte, dans lequel des millions de travailleurs étaient déjà morts ou épuisés après des années de lutte acharnée, que la participation des travailleurs dans les soviets a fortement diminué et qu’une couche de bureaucrates privilégiés s’est cristallisée et a commencé à prendre le pouvoir.
Même jusqu’en 1920, le nombre de fonctionnaires et bureaucrates atteignait presque 6 millions. La majorité de ceux-ci était issue de couches privilégiées de l’ancien régime tsariste ; et c’était cette couche que Staline représentait et qui lui a permis de prendre le pouvoir.
Cela explique la dictature bureaucratique, qui était nécessaire pour que les bureaucrates gardent le contrôle et que tous les liens soient rompus avec les réelles traditions de la révolution bolchévique – ce qui revenait non seulement à exterminer les anciens bolchéviks, mais aussi à détruire toutes les formes de démocratie ouvrière.
Sans la participation démocratique de la classe ouvrière à la planification et la gestion de la société, l’économie soviétique a été asphyxiée par la mauvaise gestion et le gaspillage de la bureaucratie.
Alors que l’économie soviétique stagnait, une couche de la bureaucratie est allée dans les années 90 dans la direction de la restauration du capitalisme (eux-mêmes étaient devenus milliardaires), ce que Trotsky avait prédit des décennies auparavant dans La révolution trahie. Malgré les horreurs du régime stalinien, que les véritables marxistes n’ont jamais soutenues, la restauration du capitalisme a été un désastre pour la classe ouvrière.
La tâche de la classe ouvrière aujourd’hui est de se battre pour le véritable socialisme, et non pour la cruelle déformation que représentent les régimes stalinistes. C’est le stalinisme qui a finalement échoué, non le socialisme.
Pour les marxistes, la démocratie ouvrière est l’élément vital d’un État socialiste. La chose qu’il importe le plus de comprendre est que le socialisme en un seul pays est impossible. C’est pour cela que nous sommes des internationalistes ; c’est pour cela que nous luttons pour le socialisme non seulement ici en Suisse, mais à travers le monde. Ceci est le socialisme pour lequel nous luttons – un socialisme qui va balayer le véritable “échec” de notre temps : le capitalisme.
Si l’on en reste à la surface des choses, cette idée est attirante. Plutôt que de se battre contre vents et marées pour une révolution, ne serait-il pas beaucoup plus facile de simplement gagner une majorité au parlement et faire passer des réformes progressistes pour que, lentement et avec le temps, on puisse transformer le capitalisme en socialisme?
Il est vrai que dans le passé, la classe ouvrière a fait passer de cette manière de grandes réformes. L’État-providence, l’AVS, la santé et la sécurité au travail, la journée de huit heures – toutes ces choses ont été acquises à travers une lutte à l’intérieur du système existant. N’est-il donc pas étrange d’opposer réforme et révolution, comme s’il ne pouvait y avoir que l’un ou l’autre?
Les marxistes authentiques n’ont jamais rejeté la lutte pour des réformes au sein du capitalisme. On ne dit pas “attendons juste la révolution, après cela tous nos problèmes seront résolus”. Nous luttons vigoureusement pour toute réforme réellement progressiste qui bénéficierait à la classe ouvrière.
Marx avait souligné que c’était à travers la lutte pour des réformes au sein du capitalisme que la classe ouvrière se rendait compte de son propre pouvoir. C’est à travers de telles luttes que les travailleurs développent leur propre conscience de classe ainsi que leurs propres organes de lutte – les syndicats et les partis politiques.
C’est aussi à travers ces luttes que les travailleurs apprennent de première main les limites des réformes au sein du capitalisme. Cela est encore plus vrai en période de crise comme aujourd’hui.
Dans le passé, la classe dirigeante était prête à accorder certaines réformes, mais toujours sous la pression de la classe ouvrière. Particulièrement en période de boom économique, elle pouvait se permettre de faire des concessions pour que continue à régner la paix.
Dans les faits les plus grandes réformes ont été concédées par la classe dirigeante elle-même, justement pour éviter une révolution d’en bas. Ainsi, pour une période, la classe dirigeante européenne a accepté les “États-providence”, qui étaient également rendus possibles par l’expansion massive de l’économie durant le boom d’après-guerre.
Le problème est que si l’on peut arracher des concessions aux capitalistes un jour, ils vont nous les reprendre le jour suivant. C’est particulièrement le cas au milieu d’une crise, lorsque pour faire revenir leurs profits, les capitalistes essaient de reprendre à la classe ouvrière les acquis du passé. Au lieu de dépenser de l’argent pour des réformes, les contre-réformes deviennent alors l’ordre du jour.
Depuis la crise des années 70, nous avons vu beaucoup des réformes progressistes de la période d’après-guerre attaquées. Les industries autrefois nationalisées ont été privatisées, les retraites et les salaires ont été en proie à des attaques, les logements sociaux ont été vendus et le système de santé est en grave crise. Tout cela pour que les riches continuent à s’enrichir à nos dépens.
Ces attaques peuvent être évitées et les acquis du passé peuvent être repris, mais dans une période de crise globale, cela requiert de rompre avec le capitalisme. Ce sont les injonctions du marché (les intérêts des banquiers et capitalistes) qui président au gouvernement, et non l’inverse ; ce que les dirigeants de SYRIZA en Grèce ont découvert dans la douleur.
En tant que marxistes, nous comprenons que les problèmes comme la pauvreté, le chômage, les crises et les guerres sont des produits inévitables du système capitaliste. On peut taxer les riches ou prêter de l’argent autant que l’on voudra ; cela ne changera rien. Ce qui est nécessaire est de prendre le contrôle de leviers clés de l’économie et planifier démocratiquement leur utilisation pour satisfaire les besoins de la population, à l’intérieur d’un plan socialiste de production sous le contrôle et la gestion des travailleurs.
D’imaginer qu’un gouvernement socialiste pourrait faire cela progressivement – nationaliser cette industrie une année, cette banque l’année suivante, etc., est d’ignorer l’histoire entière de la lutte des classes. C’est comme imaginer gagner un jeu d’échecs dans lequel seules ses propres pièces pourraient bouger. En réalité, l’autre joueur attaque, riposte, de manière féroce si besoin est. Aucune classe dirigeante n’a jamais abandonné son pouvoir et ses privilèges sans une bataille.
C’est pour cela que nous avons besoin d’une révolution – c’est-à-dire. un mouvement de masse mondial – pour enfin arracher le pouvoir et le contrôle des mains d’une petite minorité de capitalistes et de cette manière pouvoir mettre en place des réformes profondes et durables qui transformeront le globe.
Pour les apologistes du capitalisme, il n’y a rien de plus efficace que le “libre marché”. Mais lorsqu’il s’agit de satisfaire les besoins de la société, comme par exemple la nourriture ou le logement, l’économie de marché est clairement et sévèrement insuffisante.
La seule et unique raison pour laquelle les capitalistes investissent dans la production est d’engendrer des profits. Les besoins sociaux de la société ne sont jamais pris en compte dans leurs calculs. Tout ce qui les préoccupe est la manière dont ils peuvent le plus efficacement et le plus possible exploiter le travail de la classe ouvrière pour agrandir leurs profits.
L’inefficacité du capitalisme est le plus clairement révélée à travers le chômage chronique, qui est maintenant une caractéristique permanente du “marché du travail”. Selon l’OIT (Organisation internationale du travail), le chômage global se chiffre en plus de 200 millions et ne fait qu’augmenter. Ceci constitue un gâchis énorme de potentiel humain.
Sous une économie planifiée socialiste, les capacités productives de tous pourraient être utilisées à leur maximum et le fardeau du travail nécessaire serait partagé entre tous. Sous le capitalisme, la majorité du travail qui pourrait être fait par des machines est fait par des humains, car il engendre plus de profits d’employer des ouvriers sous-payés que d’investir dans des technologies plus efficaces. Sous le socialisme nous pourrions libérer le potentiel de la technologie à son maximum, ce qui augmenterait la productivité et nous permettrait de réduire la semaine de travail à quelques heures.
Comparé à une économie rationnellement planifiée, le capitalisme est un gaspillage extrême. On estime que l’on produit suffisamment de nourriture pour nourrir l’entièreté de la population mondiale plusieurs fois. Pourtant, des millions de tonnes de nourriture sont détruites chaque année, pour que les prix sur le marché (et donc les profits) restent hauts. En même temps, plus de 5 millions de personnes meurent de faim chaque année, car ils n’ont pas les moyens d’acheter de la nourriture. Depuis la perspective des besoins de la société, d’énormes sommes d’argent sont investies dans des dépenses complètement improductives. Rien qu’en 2016, presque 500 milliards de dollars ont été dépensés dans le secteur de la publicité au monde et 1.69 trillions dans l’armée!
L’idée de planifier la production n’est pas inconnue des capitalistes, tant qu’elle accroît les profits. Dans les faits, il y a un haut degré de planification au sein de chaque entreprise capitaliste. Prenez, par exemple, un fabricant de voitures tel que Ford. Ils ne laissent pas au “marché” décider où et quand chaque composant arrivera à l’usine, quand les travailleurs et combien de travailleurs seront à leurs postes et quand les voitures résultantes seront distribuées. Ces choses-là sont planifiées très en avance sur une échelle globale, en utilisant des ordinateurs, pour réduire les coûts de production et maximiser l’efficacité.
Par contre, lorsqu’il s’agit de planifier la production à une échelle globale, les capitalistes reculent. C’est le cas parce que la seule manière authentique de planifier l’économie rationnellement selon nos besoins est que la classe ouvrière prenne les commandes de l’économie et les place sous le contrôle démocratique – c’est-à-dire hors des mains des capitalistes.
Le fait que la planification est plus efficace que le marché a été reconnu durant la deuxième guerre mondiale, lorsqu’en Grande-Bretagne un haut niveau de planification a été introduit par l’Etat dans l’économie pour préserver suffisamment de munitions pour participer au conflit armé et soutenir l’économie domestique avec des ressources très limitées.
L’ascension de l’URSS, d’un pays arriéré, semi-féodal, vers, quelques décennies plus tard, la deuxième puissance mondiale est le témoignage des avantages de la planification. Cependant, à cause de la nature bureaucratique de la planification en URSS, l’économie s’est finalement effondrée sous le poids de la corruption et de la mauvaise gestion.
Les marxistes n’envisagent pas la mise en oeuvre d’un plan socialiste de la production réalisé de haut en bas, bureaucratiquement, mais un plan prenant en compte les couches les plus larges de la société pour déterminer les ressources disponibles et la manière dont elles peuvent être utilisées de la manière la plus efficiente pour satisfaire nos besoins en harmonie avec l’environnement.
Le fait que 8 milliardaires contrôlent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de l’humanité montre la véritable signification de l’“efficacité” capitaliste. Sous le socialisme, avec le contrôle et la gestion des travailleurs, nous pourrions être capables d’utiliser toutes nos ressources – humaines, matérielles et scientifiques – et les combiner de manière efficace dans le but de maximiser notre bien-être et vivre pleinement notre vie.
Les marxistes sincères ont toujours été internationalistes. Marx et Engels ont d’ailleurs écrit dans le Manifeste que „les travailleurs n’ont pas de patrie“. Leur mot d’ordre était: “prolétaires de tous pays, unissez-vous!”. Les marxistes ont également mis en pratique cet internationalisme en créant une série d’organisations révolutionnaires internationales. Marx et Engels ont fondé l’Association internationale des travailleurs. Plus tard, Lénine et Trotsky ont fondé l’Internationale communiste. Dans ces organisations, les „partis“ nationaux n’étaient considérés que comme des sections d’une organisation révolutionnaire mondiale unique.
ça n’est pas dû à des idées utopiques ou à une sensibilité particulière. En effet, le capitalisme étant un système mondial, il en découle la nécessité d’une révolution mondiale et donc d’une organisation mondiale.
Dans les premières années du capitalisme, le développement des États-nations a été un facteur de progrès pour la société. En effet, contrairement aux cités-États et aux principautés isolées du féodalisme – chacune avec ses propres lois, coutumes, mesures et impôts -, des États plus vastes se sont développés pour unifier les nations en marchés et systèmes politiques nationaux. Dépasser le morcellement féodal était nécessaire pour que le capitalisme prenne son essor, car les marchés des petites villes et régions étaient insuffisants pour l’industrie à grande échelle.
Cependant, avec le temps, même les marchés nationaux se sont avérés insuffisants pour suivre la croissance des forces productives d’un pays. Le monde entier a donc été colonisé par les puissances impérialistes, développant ainsi un marché mondial.
Ainsi, l’État-nation, qui était un facteur de progrès favorisant la croissance, s’est alors transformé en son contraire : une entrave au développement de l’humanité. En effet, pour leur développement, les êtres humains ont besoin d’utiliser librement et collectivement les ressources du monde entier, sans être limité par les frontières et la concurrence entre Etats.
Aujourd’hui, aucun pays ne peut échapper à la domination écrasante du marché mondial, qui fonctionne comme un tout interconnecté. De là viennent les tentatives de surmonter ce problème par le biais de blocs commerciaux tels que l’UE, et de divers autres traités. Cependant, comme le montre la crise en Europe, même ces accords commerciaux géants sont incapables d’éviter les effets de la crise du capitalisme. Les gouvernements sont tous confrontés les uns après les autres à l’agitation et à la faillite.
Par ailleurs, la soi-disant libre concurrence sous le capitalisme tend vers le monopole, les entreprises les plus fortes engloutissant les plus faibles. Cette tendance a abouti à l’émergence de véritables entreprises mondiales, dont les budgets dépassent de loin ceux de nombreux États-nations.
Pourtant, le revers de la médaille de ces entreprises géantes est qu’elles présentent aux travailleurs de différents pays un ennemi commun. L’expression „les travailleurs n’ont pas de patrie“ n’a jamais été aussi vraie. Par exemple, les mineurs employés par le géant mondial des matières premières Glencore en Amérique du Sud, en Afrique et en Asie ont bien plus en commun les uns avec les autres qu’avec leurs classes dirigeantes nationales respectives. Dans chaque pays, tous les travailleurs ont le même intérêt de classe à changer la société.
Le développement du marché mondial et des entreprises mondiales signifie également que la crise du capitalisme est mondialisée. La seule réponse de la classe dirigeante de chaque pays est de „rétablir la compétitivité“ en s’attaquant aux salaires, aux conditions de travail et aux services publics de leurs travailleurs – c’est-à-dire un „nivellement par le bas“ à l’échelle mondiale.
Cette austérité mondiale produit un contrecoup mondial. Des mouvements révolutionnaires se produisent partout. En outre, une révolution socialiste réussie dans un pays aurait un effet puissant sur tous les autres – toute l’histoire montre que les révolutions s’arrêtent rarement aux frontières nationales.
Pour que le socialisme libère réellement le potentiel de l’humanité, il doit être plus productif et plus efficace que le capitalisme, qui repose sur l’exploitation des ressources mondiales. Au lieu que ces ressources soient pillées par une poignée de capitalistes super-riches, elles ne peuvent être développées rationnellement au profit de tous que par la classe ouvrière accédant au pouvoir dans tous les pays, volontairement unis dans une Fédération mondiale des États socialistes. C’est pourquoi nous sommes internationalistes.
En avant pour la révolution mondiale – nous avons un monde à gagner !
On nous dit souvent que le socialisme est une bonne idée en principe, mais qu’il échouerait inévitablement en pratique car, sans la motivation du profit, toute innovation s’arrêterait.
S’il est vrai que les quelque 300 dernières années ont été marquées par certaines des percées technologiques les plus importantes de l’histoire de l’humanité, il est faux de considérer l’enrichissement personnel comme le seul moteur de l’innovation.
Nos ancêtres hominidés ont mis au point les premiers outils en pierre il y a environ 2,6 millions d’années. Entre cette époque et les premiers développements supposés de sociétés de classes, il y a environ 8 à 10 000 ans, nos prédécesseurs ont découvert comment utiliser le feu, construire des abris, tisser des vêtements, créer des instruments de musique, peindre des murs, filer des cordes, cuire des poteries, et bien d’autres choses encore.
Pendant toute la préhistoire de l’humanité, tous les biens étaient détenus en commun par tous les membres de la tribu ou du clan. Il n’y avait pas d’argent, ni de riches ni de pauvres, ni d’exploités ni d’exploiteurs. La survie du groupe dépendait de la mise en commun des compétences et du travail de tous les membres par le biais de la coopération. Les innovations permettant d’économiser de la main-d’œuvre augmentaient ou maintenaient collectivement le niveau de vie de l’ensemble de la tribu.
Cette situation a commencé à changer avec le développement des techniques agricoles et la possibilité pour une petite classe de parasites de vivre du surplus de travail des autres.
Il est vrai que la concurrence entre les classes dirigeantes, par exemple entre les différents empires de l’Antiquité, a donné une impulsion supplémentaire au développement de la technologie. En général, ceux avec les économies les plus efficaces, en particulier en matière de guerre, conquéraient les empires moins développés économiquement.
Cet élan concurrentiel a atteint sa forme la plus aboutie lorsque la bourgeoisie naissante s’est débarrassée de la domination féodale et a ouvert la voie au capitalisme.
La concurrence entre les capitalistes les a obligés à investir une partie de leurs profits dans de nouvelles technologies permettant d’économiser de la main-d’œuvre. Ceux qui avaient une longueur d’avance pouvaient produire des marchandises à moindre coût et ainsi évincer leurs concurrents. Ainsi, au début du capitalisme, la productivité du travail s’est développée dans des proportions bien plus importantes qu’auparavant.
Aujourd’hui, cependant, les économistes traditionnels parlent de „l’énigme de la productivité“ : pourquoi la productivité mondiale a-t-elle stagné, voire baissé, depuis 2008 ? Cela signifie-t-il que l’innovation s’est arrêtée ?
Pour les marxistes, le problème n’est pas un manque d’innovation, mais avant tout l’incapacité des capitalistes à utiliser de manière rentable les nouvelles technologies permettant d’économiser de la main-d’œuvre. Pourquoi investir dans l’expansion de la production, alors que le marché mondial est déjà saturé en raison de la crise de surproduction ?
Et avec la baisse des salaires et la „flexibilisation“ croissante de la main-d’œuvre depuis la crise, pourquoi investir dans des machines coûteuses permettant d’économiser de la main-d’œuvre, alors qu’il est moins cher, c’est-à-dire plus rentable, d’employer des travailleurs avec des salaires de misère ?
Ainsi, au lieu de faire progresser l’innovation, la production pour le profit la freine désormais. La plupart des travailleurs savent très bien comment ils pourraient améliorer l’efficacité de la production sur leur lieu de travail. Cependant, ils gardent ces idées pour eux, car leur mise en œuvre entraînerait le chômage pour certains et l’intensification de la charge de travail pour les autres. Ce sont les patrons et les actionnaires qui en profiteraient.
Sous le socialisme, chacun serait incité à utiliser pleinement la technologie la plus efficace pour économiser la main-d’œuvre, car tout le monde bénéficierait alors de la réduction du temps de travail. Plutôt que de créer un chômage de masse, comme c’est le cas sous le capitalisme, une économie planifiée permettrait de répartir harmonieusement tout le travail nécessaire entre tous, sans perte de salaire.
Il n’est pas vrai que l’enrichissement privé soit le seul facteur qui encourage les gens à innover. En fait, la plupart des innovateurs sous le capitalisme travaillent soit dans des laboratoires de recherche universitaires, soit dans les départements de recherche et développement de grandes entreprises. Leurs découvertes les enrichissent rarement ; les bénéfices vont plutôt aux actionnaires des entreprises qui financent leurs travaux.
Loin de s’arrêter, sous le socialisme, l’innovation et la science seraient véritablement libérées pour permettre à l’humanité d’atteindre son plein potentiel.
Avec la réduction du temps de travail, l’accès à l’éducation pour tous et le contrôle démocratique de la production, l’innovation ne serait plus l’apanage d’une couche privilégiée au profit de quelques-uns, mais serait ouverte à tous, au profit de tous.
Contrairement à l’idée reçue selon laquelle les marxistes sont des révolutionnaires assoiffés de sang, la réalité est que les marxistes sont en faveur d’une révolution pacifique pour renverser le capitalisme. Si une voie pacifique était possible, seuls des psychopathes favoriseraient activement une révolution violente.
Le problème est que l’histoire nous enseigne qu’aucune classe dirigeante n’a jamais abandonné son pouvoir et ses privilèges sans se battre. Cela signifie-t-il que la classe ouvrière devrait simplement accepter d’être exploitée et renoncer à la lutte pour le socialisme ?
Non, les marxistes ne sont pas des pacifistes. Nous ne sommes pas d’accord pour dire que, simplement parce que la classe dirigeante – une infime minorité – est prête à utiliser des méthodes violentes pour maintenir son emprise sur la société, nous devrions abandonner la lutte pour un monde meilleur.
Comment alors minimiser la résistance violente d’une classe dirigeante qui refuse de quitter la scène de l’histoire ? Paradoxalement, non pas en renonçant aux méthodes violentes, mais en préparant notre classe à se défendre en affrontant toute résistance de front, par la force s’il le faut.
Imaginez que dans une bataille, une armée de 10 000 soldats désarmés affronte un groupe de dix ennemis, chacun équipé d’une mitrailleuse. Un massacre s’ensuivrait. Mais si les 10 000 soldats étaient tous armés de la même manière, ils forceraient probablement les 10 ennemis à se rendre sans même tirer un seul coup de feu.
L’histoire est pleine d’exemples de ce genre. Ainsi, Salvador Allende, au Chili, pensait qu’en signant un pacte avec l’armée pour „respecter la constitution“, la classe capitaliste (armée jusqu’aux dents) se soumettrait pacifiquement à la volonté de la classe ouvrière (non armée).
Les masses chiliennes n’étaient cependant pas aussi naïves ; plus d’un million de travailleurs ont manifesté devant le palais présidentiel en 1973 pour réclamer des armes afin de défendre leur révolution. Leurs appels n’ayant tragiquement pas été entendus, le général Pinochet a lancé un coup d’État militaire quelques jours plus tard, imposant violemment une dictature au cours de laquelle des dizaines de milliers de personnes ont été brutalement arrêtées, torturées et tuées, tandis que des millions d’autres ont souffert aux mains du régime.
En revanche, la révolution d’octobre 1917 à Petrograd s’est déroulée presque sans effusion de sang. Cela est dû à la préparation méticuleuse des bolcheviques, qui ont gagné politiquement la garnison de Petrograd et créé une milice ouvrière pour défendre la classe ouvrière contre les bandes armées contre-révolutionnaires.
La prise du pouvoir a été décrite comme une opération de police, au cours de laquelle des groupes de soldats et de gardes rouges ont pris le contrôle des centres de pouvoir et les ont placés sous le contrôle démocratique des soviets.
Malgré quelques petites tentatives de renversement violent du gouvernement bolchevique, l’ancienne classe dirigeante de Russie s’est trouvée extrêmement démoralisée, car elle s’est heurtée à un mouvement de millions de personnes prêtes à tout sacrifier dans leur lutte pour changer la société.
Ce n’est qu’avec l’intervention des forces impérialistes extérieures – terrifiées à l’idée que la révolution s’étende à leurs propres pays – que le véritable bain de sang de la guerre civile a commencé. En fournissant à la contre-révolution 21 armées étrangères d’intervention, ainsi que des financements, des armes et des conseils, elles ont tenté de noyer la révolution dans une mer de sang, pour défendre leurs propres profits.
Nous pouvons donc constater l’hypocrisie dégoûtante de la classe dirigeante lorsqu’elle fait la leçon aux marxistes contre la violence – c’est précisément contre leur violence que nous devrons nous défendre !
Un tel moralisme pacifiste de la part des capitalistes est particulièrement hypocrite, venant d’une classe qui a envoyé des dizaines de millions de travailleurs à la mort dans deux guerres mondiales, dans le but de redécouper le globe en fonction de ses propres intérêts financiers.
Nous devons cependant souligner qu’il est tout à fait possible pour la classe ouvrière de prendre le pouvoir pacifiquement, à condition que nous soyons prêts à nous défendre contre toute réaction violente des capitalistes. Contrairement à la Russie de 1917, la classe ouvrière constitue aujourd’hui l’écrasante majorité de la société dans la plupart des pays. La classe dirigeante – en crise partout – ne trouvera que très peu de partisans prêts à se battre pour restaurer ses privilèges indécents.
Avec la mise en œuvre du socialisme à l’échelle mondiale, nous en finirons enfin avec ce système brutal qui voit une infime minorité défendre violemment son droit d’exploiter et d’opprimer l’écrasante majorité de la planète.
On prétend souvent que le socialisme et la démocratie sont en quelque sorte „incompatibles“, généralement en citant les exemples historiques de la Russie stalinienne et des États dits „socialistes“ qui se sont modelés sur son image. Cependant, loin d’être incompatibles, les marxistes sincères ont toujours affirmé qu’une démocratie réelle était essentielle au fonctionnement et à l’épanouissement du socialisme.
En effet, sous la „main invisible“ du marché, les lois du capitalisme fonctionnent sans aucun contrôle ou plan d’ensemble. En revanche, sous le socialisme, la production doit être consciemment planifiée pour profiter à tous. Il n’est pas possible pour une armée de bureaucrates assis dans des bureaux de planifier harmonieusement la production pour répondre aux besoins de milliards de personnes à travers le monde. Au contraire, les couches les plus larges de la population doivent être impliquées dans la tâche d’administration de la société, afin de réaliser leur plein potentiel.
Pour que la production soit correctement planifiée sous le socialisme, il est essentiel que la classe ouvrière ait un contrôle démocratique sur l’économie. L’absence de ce contrôle peut conduire à toutes sortes de gaspillages bureaucratiques et de mauvaise gestion, comme l’a montré la production au sein de l’URSS. Par exemple, afin d’atteindre les objectifs de production (et donc de recevoir leurs primes), les gestionnaires bureaucratiques trouvaient souvent des moyens d’atteindre les objectifs sur le papier, tout en produisant en pratique des biens inutiles ou défectueux.
C’est le cas d’une usine à qui l’on a demandé de produire un „million de chaussures“. Le directeur a ordonné la production d’un million de chaussures pour pieds gauches, atteignant ainsi l’objectif fixé sur le papier ! De tels exemples pourraient être multipliés à l’envie dans les régimes staliniens.
Cette situation n’a pu prévaloir que parce que les travailleurs eux-mêmes ont été exclus du contrôle de la production et de la politique. Un régime qui exige une soumission aveugle à des bureaucrates privilégiés conduit à la démoralisation et à l’apathie des masses. Dans un climat où toute critique est exclue, le potentiel d’innovation et le dynamisme de la classe ouvrière sont étouffés.
Ce n’est que dans le cadre d’un socialisme authentique, avec la classe ouvrière au pouvoir, qu’une véritable démocratie est possible.
Par ailleurs, la „démocratie“ capitaliste signifie que la grande majorité de la classe ouvrière est exclue de la participation démocratique à la société de mille façons. Le fait que des millions de personnes soient obligées de passer la majeure partie de leur vie professionnelle coincées pendant de longues heures dans une usine ou un bureau, et qu’elles soient souvent trop épuisées pour s’impliquer dans une activité politique, n’est pas le moindre de ces facteurs.
Au lieu d’avoir un véritable contrôle sur nos vies, on nous offre (pour paraphraser Marx) la possibilité de voter tous les cinq ans environ pour des personnes, généralement de la classe dirigeante, qui nous représentent mal au parlement. Même dans ce cas, le parlement reste un écran qui cache l’endroit où sont prises les véritables décisions qui nous affectent : dans les conseils d’administration des banques et des grandes entreprises.
Sur la base du capitalisme, c’est la classe dirigeante qui dicte au parlement, et non l’inverse, comme l’a montré en 2015 l’expérience du gouvernement SYRIZA en Grèce.
La démocratie ouvrière sous le socialisme, c’est-à-dire la démocratie pour la majorité, serait bien plus démocratique que tout ce qui existe sous le capitalisme. Les travailleurs de chaque lieu de travail et de chaque quartier pourraient élire des délégués aux conseils des travailleurs qui, contrairement au parlement, auraient le pouvoir de mettre en œuvre leurs propres décisions. Tous les représentants seraient élus démocratiquement, mais il est essentiel qu’ils soient tenus de rendre des comptes et qu’ils aient le droit d’être révoqués.
Une économie socialiste planifiée permettrait de réduire rapidement la semaine de travail. Pour décourager le carriérisme, tous les représentants élus ne devraient pas être payés plus que le salaire moyen d’un travailleur et ne devraient pas exercer leur fonction plus d’un certain temps afin de permettre une implication maximale dans la gestion de la société.
En fin de compte, c’est le capitalisme qui est incompatible avec une véritable démocratie. Lorsque les travailleurs élisent des gouvernements qui menacent les profits de la classe dirigeante, les capitalistes les plus „démocratiques“ n’hésitent pas à instaurer des dictatures militaires, comme en Amérique latine et au Moyen-Orient. Ce n’est qu’avec la démocratie des travailleurs, sur la base du socialisme, que la politique passera de la démocratie de quelques-uns à la démocratie du plus grand nombre.
On entend souvent dire que bien qu’une révolution socialiste serait formidable, elle ne serait pas possible “puisque tous les grands médias sont contre nous”.
Il est vrai que les médias contribuent à façonner l’opinion publique. En fait, avec l’école, l’université et la religion, ils sont l’un des principaux outils dont se sert la classe dirigeante pour nous imposer les conceptions de la société qu’elle souhaite faire accepter aux masses.
En Suisse Romande, Tamedia possède 68% des journaux vendus, en Suisse-alémanique, Tamedia, CH Media et Ringier contrôlent, à eux trois 82% du marché. En France, 11 milliardaires possèdent 80% des médias généralistes. Aux États-Unis, six sociétés appartenant à 15 milliardaires dominent l’ensemble des médias.
Avec une poignée de milliardaires possédant la grande majorité des médias du monde, il n’est pas étonnant que les rédacteurs et les journalistes qu’ils emploient soient ceux qui suivent fidèlement la ligne et défendront les intérêts de leurs propriétaires.
Cela se voit partout : En Suisse, Christoph Blocher et l’UDC rachètent journal après journal pour y défendre leurs positions xénophobes, aux Etats-Unis, Fox News est le meilleur soutien de Donald Trump et, en France, BFM TV et CNews ont été le tremplin de Le Pen, puis d’Eric Zemmour.
La seule différence avec les télévisions publiques comme la RTS est leur prétendue « impartialité ». Bien entendu, en réalité, elle n’est en aucun cas impartial lorsqu’il s’agit de lutte des classes. Prenez par exemple le traitement réservé par France 2 quand il s’agit de couvrir les grèves des cheminots SNCF : rien n’est dit sur les revendications des grévistes mais les reportages appuyent bien sur le fait que ceux-ci “prennent en otage” les usagers. En Grande-Bretagne, lorsque la BBC a été créée, la classe dirigeante a débattu de l’opportunité de l’incorporer pleinement dans l’État. Finalement, il a été décidé de lui donner un vernis d’impartialité et d’indépendance, pour mieux tromper les gens quand cela compte vraiment.
Malgré toute cette concentration des médias entre les mains de la classe dirigeante, nous ne devons en aucun cas désespérer quant aux perspectives du socialisme et de la révolution. Les capitalistes peuvent dire ce qu’ils veulent dans les médias mais quand cela ne correspond plus aux expériences de vie des gens, ils ne sont plus écoutés. La classe dirigeante peut nous dire à quel point le capitalisme est un merveilleux système, mais lorsqu’il y a un chômage de masse, des salaires de misère et une crise du logement, leur propagande commence à tomber dans l’oreille d’un sourd.
Cela se voit dans le traitement réservé à Corbyn par les médias britanniques. Durant les élections de juin et avant, tous les grands médias se sont joints à un chœur incessant d’insultes contre lui, coordonné par l’establishment. Ils ont jeté tout ce qu’ils avaient contre lui, de l’attaque de ses goûts personnels jusqu’aux allégations de sympathies terroristes.
Même si ces attaques ont eu un certain effet sur certaines couches, elles n’ont, dans l’ensemble, pas réussi à atteindre leurs objectifs. Il était clair pour beaucoup que la presse milliardaire l’attaquait, car le programme qu’il défendait remettait en question leurs profits. Plutôt que de salir le nom de Corbyn, les médias se sont eux-mêmes sali aux yeux de millions de personnes, qui pouvaient clairement voir de quel côté de la lutte des classes ils se trouvaient.
Un tel processus atteint sa pleine expression pendant les périodes révolutionnaires, lorsque la lutte des classes atteint son apogée. Prenons, par exemple, le coup d’État militaire au Venezuela contre Hugo Chavez en 2002, qui a été en grande partie organisé et soutenu par les médias capitalistes. Leur contrôle des ondes n’a pas empêché des millions de personnes de descendre dans la rue pour défendre leur révolution et faire échouer le coup d’État.
De même lors de la Révolution russe de 1917, lorsque, avant octobre, les capitalistes envoyèrent des trains complets de leurs journaux (distribués gratuitement) aux troupes en première ligne. Les troupes brûlaient simplement ces journaux par paquets, mais se précipitaient pour récupérer la presse révolutionnaire, qui était lue avec avidité par des millions de personnes.
Nous devons développer notre propre presse pour contrer les mensonges de l’UDC et de sa classe. Nous sommes cependant convaincus qu’une fois que la classe ouvrière passera à l’action pour changer la société, aucune propagande capitaliste ne nous retiendra.
Beaucoup s’accordent sur la nécessité d’une révolution pour libérer l’humanité des horreurs du capitalisme. Cependant, tout le monde n’est pas d’accord sur ce qu’il faut pour qu’une telle révolution réussisse.
Selon la plupart des anarchistes, un parti révolutionnaire est non seulement inutile, mais absolument nuisible. Ils imaginent le capitalisme simplement s’effondrer suite à une explosion d’énergie révolutionnaire des masses ou à une grève générale. Une société sans classes et sans État se formerait alors spontanément.
Les marxistes reconnaissent que les mouvements révolutionnaires de masse auront lieu avec ou sans parti révolutionnaire pour les diriger. C’est l’incapacité du capitalisme à faire avancer la société qui conduit à une accumulation de colère et de frustration sous la surface. Finalement, même la plus petite étincelle peut suffire à faire éclater cette colère dans un mouvement de masse.
Occuper les places publiques, ou même appeler à une grève générale, ne suffit cependant pas à renverser le capitalisme. Face à un tel mouvement, qui revient à lutter en se tenant bras croisés, la classe dirigeante peut simplement attendre que les travailleurs soient épuisés pour que le mouvement se termine.
Pour mener à bien la révolution, il est nécessaire que la classe ouvrière prenne le pouvoir des mains des capitalistes et construise une nouvelle forme d’État. Cela ne se produira pas “spontanément”, mais nécessitera une planification, une organisation et un leadership conscients.
La classe ouvrière n’est pas un bloc uniforme. Certaines couches tirent des conclusions révolutionnaires à des vitesses différentes. En son sein se trouvent des couches plus avancées, conscientes de leur classe, ainsi que des couches plus arriérées, encore sous l’influence de la classe dirigeante.
Dans chaque explosion de lutte des classes, qu’il s’agisse d’une grève ou d’une révolution, les couches les plus avancées de chaque lieu de travail ou mouvement finissent par jouer un rôle de premier plan. En ce sens, ils sont “l’avant-garde” de la classe ouvrière, combattant en première ligne et attirant d’autres couches derrière eux.
Dans une révolution, cette avant-garde peut agir comme un puissant levier pour conduire la classe ouvrière à la victoire, à condition qu’elle soit organisée en parti armé d’idées correctes pour changer la société.
Après tout, un parti révolutionnaire est avant tout un programme contenant les étapes concrètes nécessaires pour changer le monde. Il adoptera certaines méthodes ou tactiques de lutte pour réaliser ce programme. L’appareil du parti n’est que le véhicule permettant de mettre ces idées en pratique.
Ce programme ne tombe pas du ciel mais se développe à partir de la lutte des classes contre le capitalisme. Un parti révolutionnaire, en généralisant l’expérience collective du mouvement ouvrier, est capable de rassembler les différentes revendications (comme mettre fin au chômage et augmenter les salaires) et de définir les tâches concrètes nécessaires à leur réalisation, comme prendre les commandes de l’économie et planifier la production en fonction des besoins.
Un tel parti, s’il a des racines profondes dans la classe ouvrière, peut agir comme un catalyseur pour le développement d’une conscience révolutionnaire parmi les masses. Mais sa fonction la plus vitale n’apparaît clairement que lorsque se pose directement la question du pouvoir, qui se pose lors de toute situation révolutionnaire.
S’il est dirigé par des dirigeants résolus qui inspirent confiance aux travailleurs et qui sont capables de définir clairement les tâches concrètes impliquées pour faire passer la lutte à l’étape suivante, un tel parti, en organisant l’avant-garde, peut entraîner derrière lui la grande majorité de la classe vers une nouvelle étape. la conquête du pouvoir.
Une telle organisation joue le même rôle qu’un cylindre à piston avec la vapeur. En concentrant toute l’énergie des masses sur un point d’attaque, elle devient une force puissante pour changer la société. Cependant, sans cela, l’énergie se dissipe, comme la vapeur dans l’air.
Il suffit de se tourner vers l’expérience des révolutions tunisienne ou égyptienne pour voir cette analogie se confirmer dans la pratique. Des millions de personnes sont descendues dans la rue pour demander le changement, mais sans un parti doté d’un programme clair sur la manière de réaliser ce changement, cette énergie s’est dissipée, laissant le capitalisme intact.
La crise du capitalisme prépare les conditions pour des mouvements révolutionnaires dans tous les pays. Par conséquent, pour assurer leur succès, il est vital que nous travaillions à la construction d’une organisation révolutionnaire internationale, avec des sections dans tous les pays, qui sera en mesure de jouer ce rôle de premier plan le moment venu.
Nous entendons souvent dire que le socialisme semble formidable en principe, mais qu’en pratique, il détruirait la planète. Le raisonnement étant que sous le socialisme, nous aurions besoin d’augmenter massivement la production industrielle afin de produire suffisamment de tout pour que les gens puissent prendre les choses librement. Cette expansion aurait supposément un coût environnemental si énorme que l’avenir même de la vie sur Terre serait menacé.
Il est vrai que sous le capitalisme, notre planète est confrontée à une catastrophe environnementale. Pensez à la pollution des ressources en eau (si répandue aux États-Unis en raison de la fracturation hydraulique), à la destruction des forêts tropicales, à la pollution de l’air et des océans. À cela s’ajoute l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
Bien que la classe dirigeante tente de rejeter la responsabilité de ces problèmes sur les “consommateurs” individuels, la réalité est qu’il s’agit là d’une caractéristique inévitable d’un système qui produit uniquement pour le profit.
Les coûts pour l’environnement ne figurent pas dans les comptes des capitalistes. Leur seule préoccupation est de gagner de l’argent. S’ils augmentent leurs coûts, par exemple en installant des filtres sur leurs cheminées, ils perdent en compétitivité face à d’autres capitalistes moins soucieux de l’environnement. La concurrence sur le marché oblige ainsi les capitalistes à produire le moins cher possible, sans égard pour l’environnement.
Et quid de la réglementation ? Les gouvernements ne peuvent-ils pas intervenir pour garantir la protection de la planète ? Il est vrai que les gouvernements du monde entier ont adopté toutes sortes de lois environnementales, souvent dans le cadre d’une forme de protectionnisme contre les importations. Néanmoins, les capitalistes trouvent des milliers de moyens pour contourner ces règles, comme on a pu le voir avec le “dieselgate” chez Volkswagen, où un logiciel spécial avait été installé dans les voitures pour truquer les contrôles de pollution.
Au fond, nous ne pouvons pas attendre des gouvernements capitalistes qu’ils résolvent la crise environnementale. Chaque gouvernement est en compétition avec les autres pour créer le cadre le plus « favorable aux affaires » possible pour les capitalistes, c’est-à-dire réduire tout type d’obligations qui auraient un impact sur la rentabilité. Même si des accords mondiaux tels que l’accord de Paris sur le climat peuvent être signés sur papier, les gouvernements peuvent ensuite les déchirer à nouveau (comme Trump l’avait fait) afin de donner la priorité aux intérêts de leurs propres capitalistes.
Alors qu’en est-il du socialisme ? Plutôt que de laisser la production à la “main invisible” du marché, nous pourrions consciemment planifier la production de manière à être en harmonie avec l’environnement.
Une étude récente a révélé que seulement 100 entreprises dans le monde étaient responsables de 71 % de toutes les émissions de gaz à effet de serre entre 1988 et 2017. Si ces entreprises (et d’autres) étaient dirigées démocratiquement pour répondre aux besoins et non au profit, imaginez l’impact que nous pourrions avoir sur la limitation du changement climatique.
La technologie existe déjà pour faire marcher l’industrie de manière propre et durable. Cependant, sous le capitalisme, les milliers de milliards déjà investis dans les combustibles fossiles et le fait que leur utilisation reste plus rentable, limitent l’adoption des énergies renouvelables.
On estime qu’en couvrant une superficie du Sahara équivalente à la taille du Pays de Galles avec des panneaux solaires, la totalité des besoins énergétiques de l’Europe pourrait être satisfaite. Cependant, sous le capitalisme, les gouvernements européens ne sont pas très enclins à confier le contrôle de leur approvisionnement en électricité aux gouvernements algériens, libyens ou égyptiens. Avec une fédération socialiste mondiale, basée sur la coopération de la classe ouvrière du monde entier, de telles barrières n’existeraient plus.
La croissance économique ne doit pas nécessairement se faire au détriment de la planète. Les biens pourraient être conçus pour durer, au lieu de tomber en panne, et la production pourrait être organisée de manière à éliminer le gaspillage. Avec les abondantes ressources de la Terre, il est tout à fait possible de construire suffisamment de logements pour que tout le monde puisse vivre bien, et tellement plus que ça. Nous produisons déjà 2 ou 3 fois assez de nourriture pour nourrir tout le monde, mais des millions de personnes meurent de faim. Le problème est donc politique et non technique.
Certes, le socialisme en lui-même n’est pas intrinsèquement “écologique”. Cependant, ce n’est qu’en prenant le contrôle des principaux leviers de l’économie mondiale et en supprimant le profit de l’équation que l’humanité aura la possibilité de s’attaquer sérieusement aux problèmes d’écologie. Si nous ne le faisons pas, c’est le capitalisme qui menace de détruire notre planète.
Plus de 100 ans après la révolution d’octobre de 1917 en Russie, nous sommes toujours constamment exposés à la propagande sans fin que ce n’était tout simplement qu’un coup d’état perpétré par une petite bande de conspirateurs.
La logique de ses attaques est de dépeindre Lénine et Trotsky comme des fous assoiffés de pouvoir, qui ont imposé sans pitié leur régime à une population qui n’en voulait pas. Nous sommes amenés à croire que s’ils ne l’avaient pas fait, une démocratie libérale florissante se serait développée en Russie, évitant les horreurs de la guerre civile.
Une révolution n’est pas un drame en un acte mais un processus qui se développe sur des mois, ou même des années. Loin d’être le résultat des efforts d’un petit groupe de conspirateurs, une révolution éclate à cause de l’incapacité de la classe dominante à développer les forces de la société, comme faire avancer l’humanité.
Cela a été prouvé à une échelle mondiale en 1914 avec le déclenchement de la guerre, mais la crise a été particulièrement forte en Russie. Au début de l’année 1917, les troupes étaient gelées et épuisées dans les lignes de front, les travailleurs mouraient de faim dans les villes et les paysans étaient écrasés par leurs propriétaires.
La crise a atteint un point de non-retour en février de cette année, quand les foules ont renversé le Tsar. Cependant le nouveau gouvernement provisoire, dirigé par les capitalistes et propriétaires, n’était pas capable d’offrir “la paix, le pain et la terre” aux foules qui leur ont donné le pouvoir.
Avec le gouvernement provisoire, les travailleurs, paysans et soldats ont créé leur propre “soviets” (conseils) pour représenter leurs intérêts révolutionnaires.
Cependant dans les premières étapes de la révolution les Mencheviks et les socialistes révolutionnaires (SRs) dominaient les soviets et ont usé de leur influence pour soutenir le gouvernement provisoire de la classe dirigeante. Depuis le régime a été soumis à des crises à répétition, pendant que la guerre impérialiste continuait et n’apportait aucun soulagement à la classe ouvrière.
Avec le retour de Lénine en Russie en avril, il argumentait que, comme les Bolcheviks étaient une minorité, leurs tâches n’étaient pas de prendre le pouvoir par eux mêmes mais d’expliquer patiemment le besoin de transférer tous les pouvoirs aux conseils. En mai 1917 il écrit:
“Chaque personne qui proclame “prend le pouvoir” ne devrait pas avoir à penser trop longtemps pour réaliser qu’un essai de réaliser cette ambition sans avoir le soutien de la majorité ne serait que de l’aventurisme”.
Durant les mois d’été, l’enthousiasme de la classe ouvrière pour le changement contre la résistance continuelle des mencheviks et des dirigeants SR, qui refusaient de perdre le pouvoir. Donc leur support dans les conseils s’est effondré, à mesure que des couches de la société de plus en plus grandes se joignent aux Bolcheviks.
D’ici octobre, les bolcheviks avaient gagné à la majorité dans les conseils de Petrograd et Moscou, ainsi que dans beaucoup d’autres. Avec les paysans qui se soulèvaient dans la campagne, le temps d’une nouvelle révolution était proche.
Pour des observateurs superficiels, la révolution apparaissait plus comme un coup d’état , de par le petit nombre de personnes impliqués dans la révolution, comme pour la prise en charge des principales institutions gouvernementales et stratégiques.
Comme Trotsky l’a noté dans son Histoire de la révolution russe:
“La tranquillité des rues en octobre, l’absence des foules et des combats, ont donné à l’ennemi un prétexte pour parler de la conspiration d’une minorité insignifiante, l’aventure de quelques bolcheviks..”
“Mais en réalité les bolcheviks pouvait réduire les problématiques du pouvoir jusqu’au dernier moment à une “conspiration”, mais pas parce qu’ils étaient une petite minorité mais pour la raison opposée – parce qu’ils avaient derrière eux dans les quartiers des travailleurs et dans les baraques une majorité écrasante, consolidée, organisée, disciplinée.”
Si les bolcheviks n’ont pas bénéficié de ce support massif, ils n’auraient pas pu rester au pouvoir pendant des jours, même des années.
Finalement, la plupart des préparations pour la prise du pouvoir se sont faîtes des mois en avance – avec l’explication patiente des bolcheviks ont gagné la majorité des travailleurs et des soldats. Les soutiens du gouvernement provisoire se sont effondrés, presque personne ne voulait se battre pour le défendre.
Si les bolcheviks ne s’étaient pas préparés pour faire avancer la révolution, le résultat n’aurait pas été une “démocratie florissante” mais une version russe du facisme, car la classe dirigeante aurait pris les armes contre les travailleurs révolutionnaires et les paysans.
Il est souvent argumenté que le socialisme ne fonctionnerait pas si tout le monde était payé de la même manière, car il n’y aurait plus de raisons de travailler dur.
Cet argument ne fonctionne pas sur plusieurs niveaux. En premier, cela implique que ceux qui sont payés le plus sous le capitalisme travaille “le plus dur”. Pourtant, factuellement, la fortune des plus riches n’est pas “gagnée” par leur dur labeur mais par leur possession des moyens de productions. Cela leur permet de s’approprier le travail non-payé de milliards de membres de la classe ouvrière autour du monde.
Beaucoup de ces milliardaires ne font pas du tout de travail manuel mais payent d’autres pour s’occuper de leurs compagnies et de leurs finances. Une étude d’Oxfam sur la fortune des milliardaires de ce monde, a trouvé qu’un tiers de ces richesses est hérité, tandis que 43% d’entre elles peuvent être liées à la corruption.
Pendant que ses parasites “travaillent durs” sur leurs super-yachts, des milliards de personnes sont forcées de travailler 50 ou 60 heures ou même plus par semaine en faisant du travail qui demandent d’énormes efforts physiques et reçoivent en retour un salaire minimum.
Ce “travail dur” n’est pas encouragé par le fait que différentes couches de la classe ouvrière reçoivent de plus hauts salaires. Cela vient de la nécessité d’accepter n’importe quel job pour pouvoir se nourrir, payer le loyer et les factures. L’alternative est de joindre les rangs du chômage, ce qui veut dire pour beaucoup tomber dans la faim et se retrouver à la rue.
Deuxièmement, l’argument que nous allons tous être payés le même salaire sous le socialisme est faux.
Notre but ultime est la société communiste, dans laquelle tout le monde a accès à ce qu’il faut pour remplir ses propres besoins. Cependant les marxistes ne sont pas utopistes, nous ne nous attendons pas à ce qu’il soit possible pour la classe ouvrière de prendre le pouvoir en une nuit. Cela demande une période de transition (se réfère habituellement comme socialisme), durant laquelle certaines des caractéristiques du capitalisme devront inévitablement rester en place.
Comme Marx l’a noté:
“Ce à quoi nous avons affaire ici, c’est à une société communiste non pas telle qu’elle s’est développée sur les bases qui lui sont propres, mais au contraire, telle qu’elle vient de sortir de la société capitaliste; une société par conséquent, qui, sous tous les rapports, économique, moral, intellectuel, porte encore les stigmates de l’ancienne société des flancs de laquelle elle est issue”
En prenant le commandement des hauts gradés de l’économie et en planifiant l’économie selon nos besoins, il sera possible d’améliorer rapidement nombres d’aspects de la vie des gens. Par exemple, il serait possible d’en finir rapidement avec le chômage, en réduisant les heures de travail, sans réduire le salaire.
Il sera aussi possible d’offrir d’autres besoins et services comme l’électricité, internet, transport et nourriture gratuite. Cela est possible car nous produisons, ou pouvons produire plus que ce dont nous avons besoin. Cela aura le même effet qu’une augmentation massive de salaire pour la majorité de la population.
Seulement, tant que la pénurie existe, certaines marchandises auront besoin d’être distribuées à travers l’échange contre de l’argent. Ainsi, le salaire sera encore nécessaire. Ce serait utopiste de penser que, pendant ces premières périodes après la révolution socialiste, tout le monde acceptera d’être payé la même somme, du fait de leurs différences de besoins, responsabilités et charge de travail, ou qu’il serait possible de permettre à ceux qui ne travaillent pas mais pourraient de prendre dans les richesses de la communauté.
Cependant, contrairement au capitalisme, où, dans beaucoup d’entreprises, les différences de salaires entre le mieux et le moins bien payés sont astronomiques (En Suisse, en moyenne, l’écart salarial dans une entreprise est de 1:141), sous le socialisme nous réduiront de manière significative cette disparité. Dans les premières années de l’URSS, le ratio entre le mieux et le moins bien payé était officiellement de 1:4 et cela était même considéré trop élevé.
Avec le contrôle des travailleurs, une réduction massive de la semaine de travail, de même que l’abolition de la division entre le travail manuel et intellectuel, notre conception du travail sera transformée. D’un poids fatiguant, nécessaire pour payer les factures pendant que des milliardaires deviennent de plus en plus riches, cela deviendrait une source d’enrichissement, ou “le premier désir de la vie”,
Avec le développement des forces du travail à un tel point ou nous pourrions facilement produire assez de tous pour que les gens puissent prendre librement, le désir d’être “payer” plus que les autres deviendra inutile, car la monnaie en elle-même deviendra inutile. Bien loin de la paresse universelle, l’humanité pourra finalement accomplir son plein potentiel.
Bien que le marxisme soit résolument athéiste, les marxistes authentiques n’ont jamais voulu bannir la religion. Au contraire – les marxistes défendent le droit de pratiquer librement n’importe quelle religion. C’est un droit démocratique nécessaire.
Ce malentendu vient des essais de la bureaucratie staliniste visant à supprimer de force la pratique de la religion. Sachant qu’il est impossible de bannir des idées, de tels essais constituaient en fait une atteinte à n’importe quels droits démocratiques qui auraient pu défier leurs règles.
C’est vrai que les marxistes défendent que la religion et l’État doivent être complètement séparés – c’est aussi un principe démocratique. Religions et institutions religieuses ne devraient pas recevoir de privilèges spéciaux, de pouvoir, économique ou autre ni de recevoir la permission de créer des écoles ou institutions publiques.
Les marxistes défendent une unité maximale de la classe ouvrière contre le capitalisme. Les divisions religieuses – ou même n’importe quelles divisions, soit de sexe, de race, de nationalité, etc. – ne servent qu’à nous diviser. Nous acceptons tous les combattants de classe honnêtes, peu importe leurs fonds religieux.
Cela ne veut cependant pas dire que nous devons faire des concessions religieuses quant à notre philosophie qui guide notre mouvement ou programme. Nous n’essayons pas de pousser quelques mineures réformes dans le système mais de complètement prendre le pouvoir.
Ainsi donc nous exigeons des idées et des tactiques claires, qui doivent se baser sur une étude scientifique des luttes de classe. Tout mysticisme ou superstitions ne peut faire que du mal à notre tâche.
Nous devons pointer que dans chaque religion il y a toujours deux “églises”, dont les intérêts sont mutuellement opposés. Il y a d’un côté le sommet de l’église, une minorité, qui est connectée de mille façons à la classe dirigeante. Cela est bénéfique au status quo lui-même; cette minorité utilise la religion pour prêcher la passivité, comme pour endormir toute lutte de classe. Si des voyous de droite vous attaquent : “Tendez l’autre joue”. À votre boss qui vous exploite: “ Montrez amour et compassion”.
De l’autre côté de cette division est la masse submergeante des croyants, qui voient dans leur religion un chemin vers une meilleure vie (même après la mort). À ceux-ci nous disons: “Soyez méfiants envers tout chef religieux qui essaie de vous tenir hors de la lutte des classes. Ne vous reposez que sur votre propre force : la force de la classe ouvrière organisée !
Le marxisme est une philosophie scientifique. Nous n’avons pas besoin d’avoir recours au surnaturel pour comprendre le monde et le changer. Cependant, nous n’avons rien en commun avec les “nouveaux athéistes” comme Richard Dawkins, qui pense que la foi peut être effacée par des “arguments rationnels” et de la propagande.
Les marxistes, au contraire, reconnaissent que la religion a une base matérielle dans la société; elle satisfait un fort besoin social. Quand des milliards de personnes font face à une vie extrêmement sombre, avec pauvreté massive, insécurité et aliénation, la promesse du paradis après la mort est très attirante.
C’est pour cette raison que Marx a écrit:
„La misère religieuse est, d’une part, l’expression de la misère réelle, et, d’autre part, la protestation contre la misère réelle. La religion est le soupir de la créature opprimée, l’âme d’un monde sans cœur, de même qu’elle est l’esprit d’un état de choses sans esprit. Elle est l’opium du peuple“
Chacune des luttes réelles contre les idées mystiques de la religion doivent se faire contre les conditions qui ont donné naissance à ses idées dans un premier temps. Cela veut dire une lutte résolue pour retourner le système capitaliste, source de l’oppression et de la souffrance de milliards de personnes.
Sous le capitalisme, il peut sembler que des forces surnaturelles nous contrôlent. Des millions de personnes se retrouvent au chômage, vraisemblablement à cause de la “main invisible” du marché. Des millions meurent à cause de la guerre, de la maladie et de la pauvreté. Avec aucun contrôle sur nos vies, c’est inévitable que beaucoup d’entre nous trouvent une explication de ces événements dans les mains d’un dieu.
Avec un contrôle démocratique de la classe ouvrière sur l’économie, nous pourrions mettre fin à ces horreurs générées par la société de classe. Si tout le monde avait un contrôle réel sur sa propre vie, il n’y aurait plus besoin d’aller chercher recours dans le mysticisme. Si nous pouvions créer un paradis dans ce monde, il n’y aurait plus besoin de se consoler avec la promesse qu’il en existe un après la mort. La religion ne sera pas bannie sous le socialisme, elle s’effacera d’elle-même.